Google met à l’honneur Paulette Nardal, intellectuelle de la Martinique du début du XXè siecle, voici la contribution de l’Assemblée Martinique.
Après le décès de Djo Dézormo, artiste martiniquais flamboyant du XXème siècle, c’est un peu de baume au cœur que nous apporte cette initiative de « Big G ».
En l’absence de Montray Kréyol, portail littéraire odieusement muselé par une décision de la justice française, c’est à notre site web qu’il appartient d’évoquer le souvenir des Nardal, famille illustre de la Martinique, ces afro descendants précurseurs de la Négritude, chère à Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor et Léon-Gontran Damas, un mouvement poétique universel du XXème siècle.
Pour cela, nous publions un extrait édifiant de l’œuvre de Joseph Zobel, recueil de nouvelles intitulé « Et Si la Mer n’était pas bleue », Editions Caribéennes, 1982.
Puisse –t-il nous pardonner de jeter ainsi en pâture au moteur de recherche son précieux et ironique témoignage avant l’expiration de ses droits d’auteurs en 2042 où ce texte retournera dans le domaine public.
« Quand un noir était promu à des fonctions administratives de quelque importance, ou avait pris place sur le prestigieux terrain des professions libérales, on lui savait gré d’avoir honoré la race – et tant pis si, du même coup, ses attributions et sa distcinction le séparaient de nous.
Or, les Nardal…
Ces gens-là, on aurait cru qu’ils faisaient exprès. Exprès d’être noirs comme ça.
Or, la sagesse la plus populaire conseillait, qu’avant de se mettre ensemble, l’un comparât sans complaisance l’épiderme de l’autre au sien, eu égard à celui des enfants qui pourraient naître.
Chacun était investi du devoir de « sauver la peau » de sa progéniture.
Mais les Nardal !
Dire qu’ils avaient tout ! Tout : l’instruction, les diplômes, les postes administratifs, une maison à étages donnant sur une des plus belles rues de Fort-de-France.
Mais, on ne put jamais dire que Monsieur Nardal ou Paulette Nardal avaient paru, fût-ce une seconde, éclaircis, ou un peu moins noirs. Ils restaient noirs, comme on ne pouvait pas se le permettre à Fort-de-France. Noirs comme Béhanzin, que certains – alors assez âgés -, se souvenaient d’avoir vu, mené en captivité dans le pays, avec ses femmes, par des soldats en armes, sous le regard amusé des badauds.
Les Nardal, on aurait dit une famille royale d’Afrique, transplantée à la Martinique sans passer par l’esclavage, et qui continuait à défier la colonisation ; »
Joseph Zobel.
Merci Google !