
la Martinique entre ciel et mer
Date: 20 février 2005 à 19:52:15 CET Sujet: Informations Pratiques
Comme un lâcher de pépites entre le vieux continent et le nouveau, les
îles des Caraïbes sont le précieux trésor qui préfigure le monde de
demain. Au milieu de cet archipel tropical, la Martinique propose son
étonnante diversité, entre plages et béton, mornes et rivières, dans une
folie concentrée que seule la rencontre entre l’homme et la nature peut
réaliser.
Source : Martinique: entre ciel et mer
Extrait de Martinique - Guides Voir
On attend les plages, les cocotiers, le ti-punch, les qualités d’une vie
entre ciel et mer... Mais, outre ces images d’Épinal, derrière la carte
postale se cache, à peine, un foisonnement incroyable pour un lieu si
exigu: trente kilomètres sur quatre-vingts, vue d’en haut, l’île n’est
qu’un bout de «vert» oublié dans la «grande bleue»... Quand on y pose le
pied, c’est un pays d’où l’on peut regarder le ciel sans lever la tête...
Appelée Madinina, «l’île aux fleurs», par les Caraïbes, premiers habitants
des lieux, annexée par les Français, puis par les Anglais, récupérée par
les Français, peuplée par des esclaves africains, des travailleurs
indiens, chinois, arabes, au hasard des méandres de l’histoire coloniale,
devenue Martinique, elle termine sont long parcours dans une originalité
administrative qui en fait un département français à huit mille kilomètres
de l’Hexagone. Quatre-vingts kilomètres de long, à vol de tourterelle, on
y passe du sud au nord, stupéfait de découvrir à quel point le parcours
est contrasté. Des plages dorées du Sud à la luxuriance des fougères
géantes du Nord, la vie s’étire au pied de la Pelée, qui de loin en loin
réveille ses entrailles meurtrières, histoire de rappeler aux humains
qu’elle ne dort que d’un œil. En bas, des hommes et des femmes de toutes
les couleurs ont appris à vivre ensemble… Métissage...
Fort-de-France
Vue de la mer, Fort-de-France a tout pour séduire entre la baie des
Flamands et les hauteurs verdoyantes des pitons du Carbet. Pourtant,
Fort-de-France a le visage d’une grande métropole régionale s’étendant
toujours plus loin le long des routes périphériques. Administrations,
banques et activités culturelles y sont regroupées.
Dès les premières heures du jour, d’interminables chapelets de voitures
gagnent le centre-ville et ses bureaux. Dans la journée, la foule vivante
et colorée se presse dans les rues étroites au tracé géométrique, vestiges
de l’époque coloniale. Seul coin de verdure de la ville, la Savane est
témoin de tous les événements de la vie foyalaise: carnaval, festival de
juillet, défilés militaires...
Siège de la préfecture du département, Fort-de-France est née aux premiers
temps de la colonisation sur des terres marécageuses. C’est la
configuration stratégique du site qui poussa les gouverneurs successifs à
y construire un fort (1639), puis une ville. En 1681, Saint-Pierre perdit
son titre de capitale en faveur de la nouvelle ville, Fort-Royal. La
ville, qui prendra plus tard le nom de Fort-de-France, devint aussi le
chef-lieu de toutes les Antilles françaises. Au cours du XVIIIe siècle, de
vastes travaux d’urbanisme contribuèrent à agrandir Fort-Royal. Mais la
croissance de la cité fut sans cesse entravée par des cataclysmes: en
1724, une inondation; en 1762, une épidémie de fièvre jaune; en 1766, un
cyclone; en 1771, un tremblement de terre... À deux reprises, la ville
tomba sous l’occupation anglaise (1762, 1809) et perdit son rang de
chef-lieu.
Après la catastrophe qui détruisit Saint-Pierre en 1902, Fort-de-France,
qui n’était alors qu’une petite ville d’une dizaine de milliers
d’habitants, connut une véritable explosion démographique. Aujourd’hui,
elle abrite un tiers de la population martiniquaise, soit 100 000 âmes, et
s’est imposée comme capitale économique et culturelle de l’île.
Le Nord Caraïbe
On est loin de la Martinique des plages de sable blanc. Le Nord Caraïbe,
c’est l’autre visage de l’île: celui des volcans et de la forêt tropicale
humide. Ici, les plages sont plus sauvages et leur sable est couleur de
cendres, signe de la présence toute proche des volcans et surtout de la
célèbre montagne Pelée, point culminant, qui domine la Martinique de ses
1397 m d’altitude.
C’est ce volcan qui, lors de son éruption en 1902, détruisit Saint-Pierre,
le «petit Paris des Antilles» et ses 30 000 habitants. Aujourd’hui,
Saint-Pierre, sacrée ville d’art et d’histoire, cherche à renaître de ses
cendres en ouvrant à la visite les ruines de ses monuments. Région encore
épargnée par les promoteurs, le Nord Caraïbe abrite de pittoresques
villages fleuris comme Le Fonds-Saint-Denis, l’Ajoupa-Bouillon, Le
Morne-Vert et son verdoyant Canton Suisse ainsi que la célèbre route de la
Trace qui relie Fort-de-France au Morne-Rouge en contournant les pitons du
Carbet. Ce long ruban d’asphalte serpente à travers des cathédrales de
verdure où règne un silence que seuls troublent les bruits de cascades et
le chant des oiseaux de montagne. Sur le littoral, de paisibles villages
de pêcheurs se nichent dans des anses de sable noir, et l’on peut
découvrir près du Carbet l’Anse Turin, qui inspira Gauguin lors de son
passage dans l’île.
La côte nord caraïbe est également le point de départ de la colonisation
de la Martinique, car c’est là que Christophe Colomb débarqua en 1502.
Plus tard, en 1635, les Indiens caraïbes y accueillirent Belain d’Esnambuc
et ses compagnons, lesquels peuplèrent très rapidement la région.
Case-Pilote, Le Carbet et Saint-Pierre sont donc les premiers villages de
l’île et possèdent les pierres et les églises les plus anciennes de la
Martinique.
Le Nord Atlantique
Au nord de la Caravelle, de grandes baies sauvages balayées par la houle
alternent avec des falaises déchiquetées par les lames de l’océan
Atlantique. Formant la région agricole la plus riche de l’île, les terres
du Nord Atlantique descendent en pente douce depuis les reliefs du centre
jusqu’aux rivages de sable gris.
Cette région que l’on nommait jadis la Capesterre regroupa les derniers
villages arawaks et caraïbes. Ainsi, des vestiges précolombiens ont été
retrouvés au Lorrain et les artisans du village de Morne-des Esses
perpétuent encore de nos jours les traditions de la vannerie caraïbe. En
1655, des chefs caraïbes sont arrêtés et les Amérindiens battus et
repoussés sur la côte atlantique. Après la mort du gouverneur Du Parquet,
en 1658, les colons déclarent la guerre aux Caraïbes pour les chasser de
l’île. Le traité de 1660 les expulse vers la Dominique et Saint-Vincent,
îles déclarées terrain neutre. Colonisée depuis cette époque, la
Capesterre connaît au XVIIe siècle l’âge d’or de la culture du pétun
(tabac) avant de devenir, aux XVIIIe et XIXe siècles, le domaine de
grandes habitations sucrières et des plantations de café et de cacao.
Aujourd’hui, la banane a peu à peu remplacé la canne à sucre dans la
région. Mais l’on découvrira les traces de l’histoire et du peuplement de
l’île à travers les sucreries à l’abandon, les ruines de distilleries, les
vestiges de logements d’esclaves et la forte présence des descendants
d’émigrés indiens. Le plus beau paysage de la région est sans doute la
presqu’île de la Caravelle, célèbre par le château Dubuc et ses légendes
de corsaires. À l’intérieur des terres, la route sinueuse traverse des
forêts aux essences précieuses, des jardins d’ignames ou d’agrumes, de
champs de canne et des plantations d’ananas et de bananes plantains.
La côte, elle, se fait de plus en plus sauvage et la mer de plus en plus
démontée à mesure que l’on remonte vers le nord.
Le Sud Caraïbe
Entre les Trois-Îlets et le rocher du Diamant, symbole de la Martinique,
le Sud Caraïbe présente un littoral découpé et escarpé où se succèdent de
pittoresques villages bordés d’une mer agitée et de petites anses dont les
plages de sable blanc attirent les voyageurs du monde entier.
C’est aux Trois-Îlets et à la pointe du Bout que le tourisme s’est
développé le plus tôt. À quelques kilomètres au sud, le village du Diamant
attire de plus en plus de visiteurs dans les hôtels de luxe de la pointe
La Chéry. Pourtant, le reste de la région, remarquablement préservé, vaut
aussi le voyage. Aux Anses-d’Arlets, les plaisanciers trouveront un
mouillage sûr. Les plages du Diamant, d’Anse Mitan, des Anses-d’Arlets ou
de Sainte-Luce sont bordées de cocotiers ou de raisiniers. À l’intérieur
des terres, une végétation sèche de broussailles et de savane, entrecoupée
d’îlots forestiers, habille le paysage. Le relief est parfois tourmenté de
mornes volcaniques. Le morne Larcher, à la silhouette ondulée, fait
l’objet d’une randonnée pédestre. Galochat est depuis longtemps une étape
éreintante du tour cycliste de la Martinique. Ce coin de la Martinique fut
le théâtre d’événements historiques. Au Diamant, en 1717, les planteurs
martiniquais manifestèrent leur première rébellion ouverte contre la
tutelle française. Cette révolte prit le nom de Gaoulé du Diamant. C’est
en 1763, aux Trois-Îlets, que Joséphine de Beauharnais vit le jour.
Aujourd’hui, il est possible de visiter les vestiges de l’habitation
familiale devenue musée de la Pagerie.
Située face à l’île britannique de Sainte-Lucie, la région fut souvent
l’objet de conflits franco-britanniques au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe
siècles. Ainsi, en 1804, le rocher du Diamant fut pris d’assaut par les
Anglais à cause de sa position stratégique dans le canal de Sainte-Lucie.
Aujourd’hui, les fonds marins qui bordent cet îlot imposant font la joie
des plongeurs.
Le Sud Atlantique
Plages de rêves, larges horizons baignés de soleil, baies miroitantes où
se balancent de paisibles voiliers... Mais, le Sud Atlantique est aussi
une région aux paysages originaux. Des marigots côtoient une vaste
mangrove, de hautes falaises rocheuses bordent un semi-désert parsemé de
cactus, des fonds blancs surgissent au large et des îlets abritent des
milliers d’oiseaux migrateurs.
La presqu’île de Sainte-Anne est, avec la Caravelle situes sur la côte
nord atlantique, le premier morceau de Martinique surgi de l’océan il y a
plus de 25 millions d’années. Seule région de l’île à la fois calcaire et
volcanique, elle réunit dans l’extrême sud de la Martinique des paysages
arides et variés.
Considérés comme un lieu de débarquement stratégique pour s’emparer de la
Martinique, les villages du Marin et de Sainte-Anne furent convoités à
maintes reprises par les flottes britanniques au cours des XVIIe, XVIIIe
et XIXe siècles.
Aujourd’hui, Sainte-Anne et ses plages attirent les visiteurs du monde
entier. En particulier, la plage des Salines, dont l’arc de sable blanc
jouit d’une renommée internationale. Le Marin, aujourd’hui sous-préfecture
du Sud, s’est considérablement développé autour de son port de plaisance
d’où de nombreux voiliers partent pour des croisières vers Sainte-Lucie ou
les Grenadines. Avec la loi de défiscalisation de 1986, logements, hôtels
et résidences de vacances se sont multipliés dans cette région au cadre
enchanteur. Mais il suffit de s’enfoncer de quelques kilomètres pour
découvrir un arrière-pays plus authentique. Sur la côte atlantique,
d’innombrables petites plages encore sauvages se cachent dans les recoins
d’un littoral découpé et protégé par des barrières de corail. Plus au
nord, les békés ont établi leur fief aux environs du François et célèbrent
la tradition du ti-punch sur les fonds blancs.
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