
Résultat de la consultation : on a marché sur la lune
Date: 07 décembre 2003 à 05:58:15 CET Sujet: Martinique
Après une campagne moyenne et technico-juridique des partis, les électeurs martiniquais ont finalement desapprouvé, lors d'un référendum consultatif, ce 7 décembre 2003, le projet porté par une forte majorité de leurs élus et destiné à relever un défi politique pour l'avenir de l'île.
Objectif Lune
Plus de 40% de participation et de 52% pour le "oui" constituent une approbation
franche et sans ambiguïté dans le contexte abstentionniste caractérisant les rendez-vous politiques aux Antilles.
Il va sans dire que le plus difficile reste à faire une fois ce pas franchi.
Garanti par "l'obligation morale et politique" du gouvernement de respecter cet avis, le projet de loi que la ministre déposera
devra rencontrer une autre approbation, celle ci décisive du parlement national de France, souverain
pour définir dans la loi et amender cette nouvelle organisation, basée sur le souhait d'une assemblée unique et sur un document d'orientation
épuré par le gouvernement de toute déviance anticonstitutionnelle.
Champions d'escrime
Les quelques parlementaires martiniquais convaincus par ce projet devront peser de leur faible poids dans les assemblées nationales avec pour
seule arme la legimitité conférée par cet avis des électeurs. Pour le succès de cette longue entreprise,
le vote d'un jour devra se prolonger d'une mobilisation et d'une vigilance populaire continues
sans lesquelles ce vote n'aurait pas de sens.
Ces élus devront s'assurer de la reconduction des contrats, licences, traités, subventions et droits acquis sous la référence départementale, afin de rassurer ces
chefs d'entreprises lan-men-yo-plen-pwèl, qui fondent la productivité de notre économie faiblarde sur la solidarité nationale et européenne (à juste titre).
Ils devront également, à l'heure où de nombreux pays "abandonnent une part de leur souveraineté nationale pour faire partie
d'un grand ensemble supranational", continuer à militer pour aplanir les handicaps qui proviennent de notre souvenaineté justement inexistante.
Ainsi ils auront rempli leur rôle et porter leur projet jusqu'au bout.
Le syndrome du larbin
Lorsque cette "Assemblée de Martinique" commencera a siéger, elle aura à s'attaquer et à résoudre
le malaise socio-économique, qui s'est installé de par l'inertie étatique et le larbinisme des hommes
politiques, gestionnaires parfois impuissants, parfois complaisants.
- la lutte contre le chomâge, la toxicomanie et la délinquance (ou prise en compte de l'avenir des jeunes)
- la résolution des problèmes de transports internes et externes, l'amélioration de l'environnement
- le renforcement des valeurs, de la culture et de l'éducation de la société martiniquaise...
Lajan ka coupé fè
S'ils rétablissent un climat de confiance suffisant en 2006, peut-être sauront ils convaincre les électeurs d'hier, les débrouillards et les cadres exilés en France, d'être
aussi les promoteurs du développement économique sain de demain, dans un pays où aujourd'hui 90% de la main d'oeuvre agricole est haitienne, dominicaine,
sainte-lucienne, où la plupart des jeunes cerveaux sont à l'extérieur, où le port est bloqué au moins 5 fois par an et où des dizaines de millions d'euros sont immobilisés dans des biens matériels d'apparat (voitures de luxe, villas) ou
dans des livres comptables (épargne, remboursements d'emprunts bancaires).
Toutes ces richesses venues du froid ne font pour l'instant qu'alimenter chez les jeunes l'idée
que l'argent acquis sans effort honnête et dilapidé sans jugeote peut tout se permettre (Lajan ka koupé fè).
Une solution : dissolution
En attendant le résultat, l'assemblée "virtuelle" de Martinique continue sa lente dissolution... dans l'océan internet, telle un petit blog-zagayak.
Résultat à 21h30 :
Martinique : le NON l'emporte à 50,47%. Participation : 43,94%.
Guadeloupe : victoire du NON (près de 74%).
Saint-Martin et Saint Barthélémy : victoire du OUI.
Lire aussi l'article du Monde.
Témoignage de France :Bonne Année
Témoignage de Martinique : Comment on a vécu ce "rendez-vous manqué".

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