Adieu à René Ménil combattant de l'émancipation martiniquaise
Posté le 31 août 2004 à 22:33:46 CEST par Phil
|
|
Né en 1907 au Gros-Morne, René Ménil était un intellectuel marxiste et surréaliste martiniquais, l'un des piliers
de la Revue Tropiques, le directeur politique du journal "Justice", et le fondateur de la revue "Légitime Défense"
(une seule parution). Son enterrement a lieu dans sa commune natale, le 1er Septembre 2004.
René Ménil, philosophe martiniquais
Poète surréaliste dès la naissance de ce mouvement littéraire après la première guerre mondiale, professeur de philosophie au lycée Schoelcher en même temps
que son ami Aimé Césaire, René Ménil est l'un des forgerons de la conscience nationale martiniquaise.
En 1932, il publie avec Etienne Léro, Maurice Sabat-Quitman, Jules Monnerot, un texte intitulé
Légitime Défense, considéré comme le point de départ de la lutte contemporaine contre le colonialisme.
Aimé Césaire, Léopold Sédar-Senghor et Léon Gontrand Damas, poursuivront dans la revue l'Etudiant Noir (1934) ce combat politique initié par Paulette Nardal dès 1931.
René Ménil, l'éveilleur de conscience
Directeur politique du journal communiste Justice (dont le journaliste Aliker a été assassiné en 1934), et directeur de la revue théorique
du parti communiste martiniquais dans les années 60, René Ménil est avant tout un militant resté fidèle à la pensée marxiste révolutionnaire, tout
en intégrant la réalité sociale et historique martiniquaise.
En plein régime de Vichy, à l'époque de l'Amiral Robert, René Ménil avec Aimé et Suzanne Césaire née Roussi, Lucie Thésée, Aristide Maugée et Georges Gratiant
fonde la revue Tropiques à laquelle il participe ("Laissez la Poésie", avril 1942) de 1940 à 1942, jusqu'à son interdiction le 10 Mai 1942
par le censeur Bayle et, à sa reparution après la révolte du 24 au 29 Juin 1943 où les Martiniquais chassèrent l'Amiral Robert pro-nazi.
Qui parle ici ? Des Martiniquais vivant sur la ligne des Tropiques, entre les deux Amériques.
Des gens qui ont derrière eux trois siècles de récitation, et qui toujours vinrent aux assises de
la Culture les mains vides, n'ayant jamais rien fait. Nous avons lu la culture des autres.
les plus sots d'entre nous prennent pour de la culture les textes qu'ils ont appris en
classe et croient que la culture est chose qui se passe dans la mémoire.
La mécanique récitation des temps passés, l'enfantine manie de collectionner des images d'Epinal, de dire des mots que les autres
ont inventé... La culture est ailleurs.
(René Ménil, Tropiques).
Précurseur, il est resté jusqu'à sa mort, profondément attaché à l'émancipation, à l'identité martiniquaise et à la défense de la Martinique.
René Ménil a ainsi publié "Tracées ou le chemin de l'identité", et en 1999 "Antilles déjà jadis" (Prix Frantz Fanon 2000).
Homme de convictions et de grande valeur, René Ménil bénéficiait d'un grand respect.
|
| |
Vous n'avez pas encore de compte? Vous pouvez vous inscrire En tant que membre enregistré, vous pourrez participer et accéder à toutes les rubriques privées du site
|
Score en moyenne: 5 Votes: 1

|
|